La potion magique
Les temples d'Asie du Sud-Est sont des lieux de vie, comme de flânerie et de recueillement. Villages dans les villes, pas une rue n'en est dépourvue, au Laos comme en Thailande. On y prie, on y chante, mais on y mange, on y parle, et on y rit aussi. On peut même y fumer des clopes avec des moines laotiens désireux d'apprendre l'anglais...avec un français ! L'énergie et l'animation de ces lieux côtoient naturellement la sérénité et le calme.
De quoi parlent les moines, que répondent les fidèles ? Ces derniers parlent-ils de Bouddha, ou de la prestation de leur équipe de foot aux Jeux d'Asie du Sud-est contre le Vietnam ? Je me suis souvent fait la réflexion qu'entendre parler dans une langue que l'on ne comprend pas rend les propos de son auteur nécessairement subtils et intelligents. Certainement parce que l'esprit associe incompréhension et complexité. Tout est harmonie et complexité dans ces lieux.
Mais atteindre cette harmonie, et sortir de la beauté des temples pour enfin y rentrer, se mérite, et rien au monde n'est aussi difficile que ce moyen pour y parvenir, la méditation. Ecouter, observer ce qui se déroule à l'intérieur de son propre corps, pourtant si proche, en faisant abstraction de tout élément, de toute interférence extérieure n'est pas chose aisée et je me demande encore, pour avoir longuement essayé au calme d'un temple Thailandais comment c'est possible. Les heureux qui y parviennent semblent sereins et paraissent un peu plus fort. Méditer est un moyen pour répondre à des questions qui bloquent, et aussi je crois d'apprendre à dominer ses peurs. Sans doute est-ce la même chose.
Or, si l'acte se transforme en défit, celui d'y arriver, la demarche n'est plus sincère. J'ai cru à tort que la méditation allait entrer en moi comme une potion magique irriguerait un corps et un esprit. C'est tout le contraire, c'est beaucoup plus complexe, et il est difficile de savoir quand le but est atteind. Il faut aller chercher, ne pas attendre, lutter. L'on retrouve une nouvelle fois l'ambivalence de l'Asie, parsemée de bien-être d'accès si ardu.
Si je suis passé un peu à côté de la méditation, j'y reviendrai, car j'en entrevois les bienfaits sur bien des personnes. Je n'ai pas de quête à ce niveau ; je n'ai de quête que culinaire ! Mais l'envie de controler ses pensées, en tout cas les appréhender autrement est si attirante.
Finalement, s'arrêter un moment, avec patience et lenteur conduit à se poser des questions, à bien réfléchir. L'échec n'est pas total. Je me suis rendu compte que j'étais auparavent calme par défaut, faute d'être expansif. Je le suis maintenant par goût comme par nature.
L'Asie est riche d'enseignement, riche de cette si grande spiritualité qu'on lui connait. C'est peut-être pour cela que, même dans des conditions de vie parfois rudes, les asiatiques semblent si placides. Ou est-ce l'inverse ? Peut-être n'ont ils pas le choix ?
La recherche du bien-être, du mieux-être intérieur semble une priorité, à mille lieux de notre société occidentale, celle de l'extérieur. La Thailande, même si elle est pervertie par les méfaits de la drogue, du sexe facile, du tourisme à outrance, et le Laos, encore relativement épargné, sont animés de spiritualité et de la douleur qui y mène. L'Asie se mérite si l'on désire la connaitre et la comprendre un peu.
Je retourne donc à mes crayons, qui aujourd'hui me paraissent bien plus abordables en comparaison. Une forme de méditation, plus éphémere sans doute.
Et je pense retrouver cette spiritualité dans le pays qui en est l'une des origines, l'Inde.
J'irai passer Noel à Delhi. "Noèladéli" parce que ça sonne bien, comme un mantra, ou comme le nom d'une terre inconnue à découvrir. Puis le Nouvel An à Agra, avec Sylvie et Sylvie qui viennent me rejoindre pour deux semaines....de tourime effréné au Rajasthan...Et meeeeerde !
Merci d'avoir écouté ce monologue égocentrique. Vous pouvez envoyer votre facture au 22, avenue d'Aléry à Annecy, je n'y habite plus depuis déjà une bien courte année !
Joyeux Noel.
Renaud
A droite...le Laos